Soeurs
Wajdi Mouawad
Un spectacle d’Au Carré de l’Hypoténuse-France, Abé Carré Cé Carré-Québec, compagnies de création, en coproduction avec le Grand T, théâtre Loire-Atlantique (Nantes), le Théâtre national de Chaillot (Paris), le Théâtre de l’Archipel, scène nationale de Perpignan, Le Quartz, scène nationale de Brest avec le soutien de l’Athanor et de la Ville de Guérande. Wajdi Mouawad est artiste associé au Grand T
Salle principale
13 janvier au 7 février 2015
2 h 10
Texte et mise en scène
Le cycle Domestique : voici le nouvel objet de travail de Wajdi Mouawad. Entamé avec Seuls, symbole du fils, cette pièce ouvre la voie à un second solo, Sœurs, lui-même suivi de Frères, puis de Père et Mère qui prendront à leur tour la forme de solos ou de duos. Plusieurs points de vue pour témoigner de la diversité des vécus des membres de la famille.
La langue maternelle et l’identité profonde qu’elle offre à chacun, la blessure et l’humiliation de ne pas pouvoir librement la parler, sont les points de départ de la rencontre et des échanges, dans une chambre d’hôtel, entre une jeune femme et une agente d’assurance.
Interprétation
Extraits de critique
« Les deux personnages sont incarnés avec beaucoup d’aisance et de justesse par Annick Bergeron. Pour composer son rôle de Nayla, la comédienne a passé beaucoup de temps avec la soeur de Wajdi. Le résultat est stupéfiant. La métamorphose d’Annick Bergeron est totale. »
Jean Siag, La Presse
« Le Wajdi Mouawad nouveau se révèle d’abord un formidable écrin pour l’art d’Annick Bergeron. Seule interprète en scène, portant deux personnages, voire se démultipliant, grâce à la technologie, en plusieurs incarnations, la comédienne y est captivante. »
Marie Labrecque, Le Devoir
« Je vous le dis tout de suite : Sœurs, c’est très, très bon. Tout est impeccable dans cette production. À plus de deux heures, le temps file comme l’éclair. Mouawad tend ses filets et nous y prend, faisant des spectateurs des captifs ravis et consentants. »
Marie-Claire Girard, Huffington Post
« La mise en scène est habile et unique et le jeu d’Annie Bergeron est à couper le souffle, juste, ciselé, touchant, elle incarne tous les personnages dans une démonstration olympique de justesse. La scénographie minimaliste et sans cesse changeante grâce notamment à la projection est le parfait écrin pour accueillir tout le reste. Chaque élément prend sa place avec une efficacité redoutable et le mélange final offre une oeuvre touchante, réflexive et authentique. »
La littéraire
« Performance sans faille d’Annick Bergeron »
Catherine Bastien, Nightlife
PRESSE FRANÇAISE :
« Avec un art du contre-pied qui joue avec les désirs du spectateur, et paraît parfois se faire un plaisir de ne pas y céder, Mouawad finit toujours par l’emporter. »
La Terrasse, n°223
«(…) Les deux personnages semblent se fondre en un seul, unique torche de douleur sculptée par la nostalgie, par le chagrin des enfants jamais nés, les sacrifices non reconnus, le souvenir de la soeur adoptive amérindienne, violemment reprise (…). A qui ne parle-t-elle pas, cette histoire ? »
Ouest-France
Mot de l’auteur
Collision
Un temps de chien, un ciel de chienne. C’est arrivé du nord poussé par le vent. Une dépression majeure sur l’est du Canada, une chute de la pression atmosphérique, une remontée des températures qui demeuraient sous le seuil du point de congélation et le trajet Montréal — Ottawa prenait tout à coup de l’envergure ! On aurait dit la conquête du pôle Sud. Rafales de neiges, poudreries et chaussée verglaçante traçant ses zigzags dans l’étendue opaline, obligeaient les conducteurs à dialoguer avec la possibilité d’une mort imminente, d’une fin brutale, d’une transformation du moins. L’état des routes était à ce point effroyable que les probabilités de se retrouver dans le fossé après avoir perdu le contrôle du véhicule devenaient, dans l’esprit des humains entrainés le long de la 40 Ouest, des certitudes. Les essuies-glaces se couvraient autant de neiges que de ridicule, une convention, un clignement inutile devant ce grand déferlement. Jamais la Capitale Nationale du Canada n’avait été aussi improbable, n’avait semblé aussi égarée au milieu de l’immensité glacée. Jamais l’espoir de voir surgir les immeubles du centre-ville, les toitures surréalistes de cette cité administrative n’avait été aussi réduit. Ottawa ! Unique objet de mon ressentiment… se répétait sans doute chaque conducteur. Ottawa, là où l’on patine avec allégresse le long du canal Rideau, là où il fait bon se retrouver, au cœur du centre commercial, là où les galeries d’Art pullulent d’œuvres picturales qui appellent à eux fauteuils, moquette et papiers peints assortis. Ottawa, « Grandes Maisons » en langue amérindienne, mais qui s’en souvient encore, qui se souvient des troupeaux de bisons traversant anciennement les plaines ? Qui se souvient des forêts oubliées ?
Au volant de sa Ford Taurus, Geneviève Bergeron pleure en écoutant la voix sublime de Ginette Renaud : L’essentiel, c’est d’être aimé… et Geneviève pleure, non pas à cause des élans pathétiques de la chanson, mais, peut-être, parce que ce mot, L’essentiel, si puissamment porté par la voix de la grande diva québécoise, la renvoie à cet essentiel qui n’est pas advenu dans sa vie et dont elle prend conscience, là, sous la tempête de la décennie. Un Essentiel qu’elle ressent, mais qu’elle serait bien incapable de nommer. Roulant à 25 km/h, sur ce tronçon qui lui souhaite Welcome in Ontario, elle voit défiler ses manques. Elle, l’avocate brillante qui a voué sa carrière à la résolution des grands conflits, elle, la célèbre médiatrice, est incapable de nommer le moindre de ses désirs. Sa jeunesse est passée. Elle le comprend là. Elle pense au visage amaigri de sa mère, à la langue défaite de son père et au silence de la banquette arrière de sa Ford Taurus sur lequel nul siège enfant n’a jamais été attaché. Elle pense à cela, à ce vide soudain, à cet étrange brouillard qui vient de l’envahir. Alors, l’envie d’arriver enfin à destination pour en finir avec cette conférence qu’elle a pourtant accepté de donner avec plaisir. « Hostie que j’ai mon voyage de jeter mes perles aux pourceaux », pense-t-elle. Mais elle a beau penser à son malaise, Geneviève ne sait pas encore combien sa coupe est pleine, elle ignore l’état dans lequel elle se trouve et n’a aucun moyen de deviner que la goutte dérisoire qui renversera son vase, l’attend, patiemment, dans la chambre 809 du Novotel d’Ottawa où tout est si propre. Le hall d’entrée a d’ailleurs été rénové entièrement pour mieux correspondre à l’exigence de sa clientèle. Roulant sur l’autoroute dans la bouche de la tempête, Geneviève ne sait pas que la mécanique émotive qui la constitue depuis si longtemps est en train de se déglinguer. Ainsi en va-t-il des prémices de Sœurs dont le pluriel appelle à une ouverture malgré l’unique interprète de ce spectacle. Car si Geneviève Bergeron est la première femme de cette tempête, rien ne laisse présager le surgissement de cette autre femme. Pourtant surgissement il y aura. Surgissement plus que rencontre. Collision pourrions-nous dire, collision qui sous-entend une contradiction dans la rencontre, collision qui fera de ces deux êtres féminins les réceptacles de la grande Histoire, de ses violences et de la manière avec laquelle l’intimité des êtres parvient à tenir tête aux brutalités du temps.
Wajdi Mouawad
Au Carré de l’Hypoténuse
C’est pour explorer de nouvelles méthodes de travail et s’enrichir d’expériences différentes que Wajdi Mouawad a implanté une partie de son aventure artistique en France. Dans la perspective de la création du spectacle Forêts est donc née l’initiative de monter une structure française. L’histoire du spectacle se situant des deux côtés de l’océan, il semblait naturel que l’équipe artistique et administrative soient envisagées de la même manière. Cette idée s’est prolongée au fil des créations.
Les compagnies empruntent leur intitulé aux mathématiques de Pythagore, en référence au théorème homonyme : dans un triangle rectangle le carré de l’hypoténuse est égal à la somme des carrés des deux autres côtés.
Abé Carré Cé Carré
Fondée par Wajdi Mouawad et Emmanuel Schwartz, la compagnie prend sa source dans les envies de ses deux directeurs artistiques en leur permettant une liberté quant à la création et la production des spectacles. Ces deux comédiens-auteurs-metteurs en scène se sont rencontrés lors des Auditions Générales du Quat’Sous. Issus de deux générations, situés à des étapes différentes dans leur relation à la création, ils ont lié leurs efforts pour travailler ensemble et séparément, en créant leur outils. Aujourd’hui, Wajdi Mouawad est le seul directeur.
Actualités
« Le Wajdi Mouawad nouveau se révèle d’abord un formidable écrin pour l’art d’Annick Bergeron. Seule interprète en scène, portant deux personnages, voire se démultipliant, grâce à la technologie, en plusieurs incarnations, la comédienne y est captivante. »
Critiques
2 décembre 2016
Images
12 janvier 2015
Soeurs de Wajdi Mouawad en photos
Équipe de création
Inspiré par
Nayla Mouawad
Assistance à la mise en scène
Dramaturgie
Scénographie
Éclairages
Costumes
Conception et réalisation vidéo
Composition
Direction musicale
Réalisation sonore
Maquillages
Régie d’éclairage
Régie de plateau
Trois
Mani Soleymanlou
Salle principale
30 septembre au 17 octobre 2014
Koalas
Félix-Antoine Boutin
Salle Jean-Claude-Germain
7 au 25 octobre 2014
Je ne suis jamais en retard
Collectif d’auteurs
Salle Jean-Claude-Germain
4 au 22 novembre 2014
Damnatio memoriae
Sébastien Dodge
Salle principale
11 au 30 novembre 2014
Épopée Nord
Olivier Morin et Guillaume Tremblay
Salle Jean-Claude-Germain
27 janvier au 14 février 2015
Ennemi public
Olivier Choinière
Salle principale
24 février au 21 mars 2015
Tungstène de bile
J‑F Nadeau et Stéfan Boucher
Salle Jean-Claude-Germain
17 mars au 4 avril 2015
J’accuse
Annick Lefebvre
Salle principale
14 avril 2015 au 25 février 2017
Selfie
Sarah Berthiaume
Salle Jean-Claude-Germain
28 avril au 16 mai 2015
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