La compagnie des animaux
René Gingras
Une création du Théâtre d’Aujourd’hui
Théâtre d’Aujourd’hui
27 février au 24 mars 1990
Texte et interprétation
Mise en scène et scénographie
Dans une société confinée et étouffante, partition panique incestueuse mettant en scène Félixe, romancière, son éditeur d’ex-mari, son agente de fille, son pique-assiette d’amant et l’Avocate, lors d’un cocktail de lancement. Le matin même, l’éditeur a reçu une mise en demeure de la part d’un stand-up comic vedette de télé, accusant Félixe, dans sa dernière bouture romanesque, de plagier sa vie. Voici une famille tout a fait farfelue réunie de force autour de l’arbre de Noël et dont les voeux de bonheur sont prononcés sous une branche de gui attachée avec du fil barbelé ! Tragicomédie de terreurs intimes et d’amours secrets qui voudraient survivre au cataclysme des fulgurations médiatiques et des bobards de petits fours. « Sommes-nous seulement vus ? » se demande Beckett. Et si nous ne l’étions que trop ?
Texte et interprétation
Mot de l’auteur
Paris, le 17 oct. 89
Bonjour Yves,
Je te fais parvenir une copie révisée de La compagnie… Tu remarqueras que la mise en page est imparfaite (v.g. pp.65 – 65bis). J’ai dû user d’expédients parce que mon imprimante est brisée. Mais le texte, lui, est au poil. Je n’y touche plus… sauf requête de ta part, et changement d’idée de la mienne ! Comme je t’ai déjà dit, j’ai supprimé la scène 2 (dont j’ai reporté des fragments plus loin). Si j’avais pu (ou si j’avais eu plus de courage?) j’en aurais coupé plus. Je suis convaincu que la pièce ne peut pas être très longue, entre autres, parce qu’entre le moment où la grande (et fausse?) question est posée (scène 1 : qui est Loïc?) et le moment de la réponse, on est si bien entrainé dans le tourbillon des dévoilements émotifs qu’on pourrait perdre de vue l’énigme de départ.
De toute façon, étant donné l’état d’esprit des personnages, tout ça pourrait autant se dérouler simultanément, sur une demi-heure de cocktail, qu’à la file, sur deux heures…
À part quelques mots ça et là — la plupart du temps des trucs sonores — j’ai travaillé essentiellement sur l’avant-dernière scène, évidemment. Et j’aime bien la réplique finale : « Pis, on n’est pas bien, là ? »… Tout retrouve un calme — bien qu’interrogatif et momentané.
Revoyant ce texte, je suis dans une passe où je ne peux m’empêcher d’y lire l’état exact des sentiments, après les révoltes utopistes et hédonistes des années ’60, le cynisme et la désespérance des années ’70, et l’ère ’80, égoïste et épidémique. Il faut dire que je donne beaucoup dans la modestie ces temps-ci : savais-tu que le titre de travail pour la pièce que j’écris, c’est : Le Siècle, conclusion?…
Il va y avoir des questions sur la « notion » d’animal. Le syndrome « jurys pour scénarios de téléfilms… »: rien ne peut plus exister si ce n’est d’abord explicable, sloganisable, tartinable et immédiatement bouffable par le cochon de consommateur, ciblé par l’industrie de la culture !
(L’« industrie culturelle » ! La plus radicalement polluante. Celle qui tue ce qu’il nous restait d’invendable — et l’hécatombe est, par essence, indémontrable. Et vivent la santé iopie et les petits poumons roses.) Mais aussi, les questions seront bon signe. Ça voudra dire, peut-être, qu’on aura évité l’autre piège : le hip du rien-à-comprendre, de l’irréférentiel et du m’as-tu-vu.
Alors, quoi donner comme réponse ? La vérité (sauf sur la morsure, bien sûr…). Et renvoyer, délicatement mais fermement, les plus angoissés comme les plus achalants au chum Heidegger ! Tu te souviens ? La job qu’il assigne à la poésie… « La transformation du visible représentable en invisible pressenti par le coeur. »
J’étais heureux de pouvoir parler avec Chantal, première rencontre avec une connaissance commune depuis la perte de Tristan (quelle perte ; il y en a vraiment de plus irrationnelles que d’autres ; celle-là, pour le théâtre québécois : nous avons tous eu un peu ce sentiment, on dirait…
René Gingras
Actualités
« Un texte vif et plein de subtilités, soutenu par d’excellent comédiens qui évoluent dans une mise en scène fort originale […] Tous les ingrédients du succès quoi ! »
Critiques
28 février 1991
Images
26 février 1990
Les photos de production de La compagnie des animaux !
Équipe de création
Figuration
Marie Charlebois, Lyse Chayer, Robert Fortier, Wilma Ghezzi, Jean-Jacques Lamothe et Léon
Assistance à la mise en scène, conception sonore et régie
Costumes
Éclairages
Maquillages
Perruques
Les grands départs
Jacques Languirand
Théâtre d’Aujourd’hui
19 septembre au 21 octobre 1989
Les jumeaux d’Urantia
Normand Canac-Marquis
Théâtre d’Aujourd’hui
7 novembre au 8 décembre 1989
Le futur antérieur
André Jean
Théâtre d’Aujourd’hui
9 janvier au 10 février 1990
Panique à Longueuil
René-Daniel Dubois
Théâtre d’Aujourd’hui
17 avril au 12 mai 1990
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