L’histoire de l’oie
Michel Marc Bouchard
Une production du Théâtre d’Aujourd’hui en collaboration avec le Théâtre de la Marmaille et le Centre national des arts
Salle principale
22 novembre 1991 au 21 mai 1994
Texte
Mise en scène
Pour évacuer les violences répétées qu’il subit, Maurice s’est construit un monde imaginaire. Profitant de l’absence de ses parents, il invite sa seule amie, l’oie Teeka, à pénétrer dans la maison. La salle de bain et la chambre de Maurice deviennent alors les hauts lieux des exploits de Tarzan et de ses amis. Mais le retour des parents ramène Maurice et Teeka à la réalité. La peur pousse Maurice à faire un geste désespéré et cruel.
Interprétation
Mot de l’auteur
Histoire pour enfants humiliés
1955. Un Québec rural, piégé entre la pauvreté et l’obscurantisme religieux. Comment y élève-t-on les enfants ? Au doigt et à l’oeil, à la cuillère de bois et à la strappe ! L’histoire de l’oie, c’est une histoire de lois.
Une histoire de violence héréditaire qui, comme la misère, se transmet de génération en génération.
Tout mon travail a été de chercher une issue pour Maurice. Celles que j’ai trouvées sont dans l’univers de la névrose. Il prie Bulamutumumo comme ses parents prient Dieu. Il souhaite devenir Tarzan comme Teeka, l’oie blanche, rêve de voler un jour. Il trouve en partie une solution réelle en se soumettant aux coups, en investissant dans le vil troc que ces coups lui procurent. Voilà ses issues.
Il n’interroge pas l’essence de cette violence, elle fait partie des lois.
De nos jours, des Maurice il en existe encore beaucoup plus qu’on pense. Ils et elles sont de tous âges et encore silencieux et silencieuses.
J’espère que ces enfants humiliés liront ce texte ou verront le spectacle. J’espère qu’ils parleront de leur misère à quelqu’un. En parler… ou l’écrire, voilà les premières issues…
Ça n’éclipse pas l’orage, ça calme la foudre.
— Michel Marc Bouchard
Mot du metteur en scène
Depuis bientôt dix-neuf ans et avec la précarité de moyens que toute compagnie théâtrale québécoise connait, la Marmaille oeuvre à créer de nouveaux textes et à les diffuser ensuite à travers le monde. L’histoire de l’oie est le texte dramatique le plus minimaliste de Michel Marc Bouchard. C’est pourtant celui qui a mené à la création du spectacle le plus puissamment évocateur qu’il m’ait été donné de diriger à ce jour.
Mais toute première est précédée à la Marmaille par un travail d’équipe minutieux et complexe qui, avec L’histoire de l’oie , s’est échelonné sur cinq ans et a réuni l’auteur, le compositeur, le scénographe et le metteur en scène. Deux lectures semi-publiques et des ateliers ont ainsi eu lieu depuis 1986, en préparation desquels chacun des créateurs impliqués a pris le temps de développer parallèlement et simultanément son propre langage théâtral. Un comité consultatif a, pour sa part, relancé nos propres réflexions sur le spectacle. Avec L’histoire de l’oie, nous avions pour ambition d’établir une complémentarité exemplaire entre le texte, la scénographie, la musique, le jeu et la mise en scène.
Ce temps et ce recul mais aussi ces moments d’arrêt ont permis à l’équipe de création de développer une complicité peu commune pour aborder de front ce que le personnage central de la pièce de Michel Marc Bouchard appelle les « colères de Bulamutumumo ». Avec Michel Marc Bouchard d’abord, puis Daniel Castonguay et Michel Robidoux, nous avons entrepris d’interroger l’une des pulsions innées les plus obscures de l’âme humaine : la violence. À la fois universelle, intemporelle et asexuée, la violence dont traite L’histoire de l’oie est pourtant, comme le dit si bien Ariane Mnouchkine en parlant du théâtre, ici, maintenant, vraiment. Nous avons réfléchi plus particulièrement sur la violence des hommes et sur la transmission de celle-ci, qu’elle soit physique ou psychologique, quotidienne ou exceptionnelle. La violence de ceux qui en arrivent à tirer dans le tas dans un restaurant, une université ou sur leur propre peuple. Nous avons voulu explorer les relations complexes entre Maurice et ses parents, entre Maurice et son oie Teeka, et interroger les rapports de bourreau à victime et de victime à bourreau, entre le conscient et l’inconscient, entre la vie et la mort.
L’intensité du texte, l’évocation des images et l’émotion de la musique ont inspiré et soutenu mon travail tout au long du processus de maturation et de répétition vers une proposition théâtrale que j’ai souhaitée la plus conséquente possible, où la gravité du propos, le non-dit et le sous-texte sont transcendés par la poésie des mots, des formes et des sons. Il y a paradoxalement beaucoup de silences dans L’histoire de l’oie, qui sont autant d’intervalles de liberté offerts à Maurice, à Teeka et aux spectateurs, puisque ce qui traverse ultimement L’histoire de l’oie est un appel à la liberté.
— Daniel Meilleur
Centre national des Arts
Le Théâtre français du Centre national des Arts propose à ses spectateurs, francophones et francophiles de tous âges, aux familles et aux écoles, de découvrir les créations audacieuses d’artistes prometteurs ou reconnus provenant du Québec, du Canada et de l’international. Le public du Théâtre français est non seulement assuré de voir un théâtre de qualité, mais aussi de participer à des expériences qui se déploient au-delà des spectacles.
Équipe de création
Marionnettes
Scénographie et costumes
Lumière
Musique originale et son
Maquillages
La trilogie des Brassard
Michel Tremblay
Salle principale
27 septembre au 17 novembre 1991
Conte d’hiver 70
Anne Legault
Salle principale
7 février au 9 mai 1992
Crime du siècle
Peter Madden
Salle principale
10 avril au 3 mai 1992
Zéro absolu
Eugene Lion
Salle Jean-Claude-Germain
29 avril au 17 mai 1992
Abonnement
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