La chaise
Claude Paiement et Frédéric Desager
Une création du Théâtre Harpagon et du Théâtre les gens d’en bas
Salle Jean-Claude-Germain
18 octobre au 12 novembre 2011
1 h 30 sans entracte
Salle d’exécution d’une prison, État de New York. Une chaise électrique attend le prochain « client ». Louis Joseph Renatus Todd s’avance, vieux garçon d’origine allemande, bricoleur et arriviste, devenu le « technicien électrificateur » le plus célèbre du pays… Il s’adresse au public comme s’il s’agissait de témoins. À 9 h 59, il doit exécuter, pour la première fois, une jeune femme : Joanna Brown. D’ordinaire impassible, Todd est la proie d’une agitation inhabituelle. Lors d’une banale querelle entre employés, il transforme ce qui devait être une exécution solennelle en une authentique et formidable bavure… Il accumule les réactions absurdes et incohérentes, il va jusqu’à s’enfermer avec le public, sans même savoir ce qui le pousse à agir ainsi. Comment diable la belle mécanique de sa vie a‑t-elle pu dérailler de la sorte ? Le temps presse ! Le directeur du pénitencier a entamé une procédure dont l’issue est inéluctable. Le récit s’accélère, entrecoupé de plongées dans le monde intérieur de Todd, où s’agitent souvenirs et fantômes entourant l’histoire de la chaise électrique. Notamment, un certain Thomas Edison, qui n’a pas hésité, jadis, à brader quelques principes pour défendre ses propres intérêts. Louis Joseph, le bourreau humaniste arrivera-t-il à recoller les morceaux de son existence ?
Texte et interprétation
Extraits de critiques
« Une oeuvre étonnante, à la fois grave, comique, dérangeante et ludique. … un solo qui permet à Frédéric Desager de faire la démonstration de son talent. L’acteur incarne avec force et virtuosité plusieurs personnages, passant souvent de l’un à l’autre entre deux répliques. La mise en scène d’Eudore Belzile est extrêmement précise, réglée au quart de tour… »
Luc Boulanger, La Presse
« Les auteurs de La chaise ont trouvé dans la petite histoire de ce meuble macabre un terreau fertile et singulier. … il y a là un univers. »
Marie Labrecque, Le Devoir
« Desager puise dans un registre riche et engagé pour jouer ce technicien méticuleux traînant un lourd passé psychologique. Seul sur la scène, il fait pourtant apparaître tout un univers. »
Hugo Prévost, Pieuvre.ca
« La pièce saura faire rire et surprendre… »
Gregory Haelterman, info-culture.biz
« La métamorphose entre les personnages est instantanée et atteint la perfection grâce à l’interprétation de Desager mais aussi à la mise en scène brillante de Eudore Belzile. »
Emma Ailinn Hautecoeur, Le Délit
« Si vous aimez le théâtre, si vous aimez les performances d’acteur, allez voir cette pîèce. Frédéric Desager y montre toute les couleurs et la richesse de son talent… »
Stéphanie Bachand, CIBL
« Frédéric Desager livre une intense performance… »
Linda Moussakova, Arts et Sciences
« La mise en scène d’Eudore Belzile s’avère particulièrement efficace dans les transitions et les nombreux effets scéniques, avec un superbe décor (Geneviève Lizotte) où tous les éléments convergent vers la fameuse chaise (qu’on dirait véritable), jusqu’aux ampoules numérotées qui la surplombent. L’électricité se fait sentir non seulement dans l’air, mais aussi dans l’habillage sonore (VROMB), qui reproduit le bruit chargé de l’embranchement létal. »
Mélissa Proulx, Voir
« Seul sur scène pour interpréter cinq personnages, Desager est l’homme de la situation. Il passe du détenu afro-américain à Edison sans le moindre changement de costume, il manie les accents et les dynamiques avec une grande justesse. Cependant, sa plus grande force est de rendre un portrait aussi bouleversant de ce bourreau qui refuse d’en être un. »
Gabrielle Lamontagne, Regards sur la ville
Mot de l’auteur
La guerre du courant
Lorsque Frédéric Desager m’a offert de travailler avec lui sur La chaise, j’ai sauté sur l’occasion !… Thomas Edison, la guerre du courant, la chaise électrique, Fred A. Leuchter (un obscur réparateur d’instruments de mise à mort)… Du matériel, me semblait-il, regorgeant de potentiel théâtral. Il voulait en faire une comédie noire ! Un solo. J’avais l’impression qu’il venait de m’offrir une boîte de… bonbons !
En outre, il voulait m’initier à une démarche apprise en Belgique : nous allions débuter par trois semaines d’improvisations libres, vouées à la recherche intensive des personnages et des situations, empruntant un peu au processus de création d’Yves Hundstadt, un grand soliste théâtral belge qui nous a donné entre autre La Tragédie Comique.
Nous allions être enfermés, seuls, dans un petit théâtre, une centaine d’heures, à inventer et réinventer de multiples canevas, à faire comme ceci… ou comme cela… à « arranger » la réalité historiques pour en récolter la vérité dramatique… Soulever chacune des pierres sous nos pieds pour y observer le moindre petit caillou… Le tout enregistré sur bandes vidéos !
Un travail facile… vraiment facile. Trois semaines formidables à regarder Frédéric prospecter le fond de sa cervelle, se tordre le cœur et les cellules nerveuses pour en faire jaillir des situations, des personnages, des liens, et mettre à jour le filon et le minerai essentiel à la création. Et, surtout, le critiquer sans arrêt : « ouais, c’est pas mal, mais… moi je crois que… tu devrais plutôt essayer de… ce que tu as improvisé était formidable, mais n’a aucun rapport avec notre histoire… c’est… bon à jeter…» Je me suis mis à adorer la Belgique et sa technique de création. Facile…!
Puis vint l’écriture à proprement parler. J’entrais, pour ainsi dire, en scène. Avec comme point de départ les meilleures improvisations.
Il fallait maintenant faire parler ces êtres nés, d’une certaine façon, avant leur naissance. Organiser ce fouillis chaotique en quelque chose de cohérent avec une structure narrative solide et des répliques « punchées ». Ça, c’était mon travail. Difficile, mais bon… juste du boulot.
Je n’avais pas prévu que j’aurais Desager sur le dos ! Qu’il me renverrait sans cesse à mon clavier. Qu’il me persécuterait ! Je me suis mis à le détester, lui et sa Belgique. Un despote, je vous dis, un bourreau ! Parfait pour le rôle ! Il a fait de ma vie un enfer !… Jamais content ! Toujours à critiquer, à remettre en question, à proposer de meilleures idées ! Et en plus, il a du flair le salaud, un instinct fou. Il possède un don pour aiguiller le travail dans une formule de deux ou trois mots inspirants… À tel point que j’ai fini par aimer le détester.
En fait, pour moi, La chaise fut d’abord et avant tout une belle rencontre. Une aventure de création stimulante et enrichissante. Merci Fred de m’avoir choisi comme bouc émissaire. Et merci au Théâtre les gens d’en bas pour avoir soutenu cette entreprise depuis le tout début. Maintenant, je dois y aller. J’ai encore, paraît-il, quelques scènes à retravailler…
Claude Paiement… et Frédéric Desager (par dessus l’épaule)
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