Damnatio memoriae
de Sébastien Dodge
Une création du Théâtre de la Banquette arrière, en codiffusion avec le Centre du Théâtre d’Aujourd’hui
Salle principale
11 au 30 novembre 2014
1 H 40
Texte et mise en scène
31 décembre 192 après Jésus-Christ. Après presque un siècle de stabilité, fruit du labeur d’une série d’empereurs philosophes, Rome est au sommet de sa gloire et de son étendue. L’empereur Commode, fils de Marc-Aurèle, revient d’une longue guerre victorieuse contre les Marcomans. Commode est un guerrier farouche, ayant vécu sur les frontières au sein des légions. Il vient à Rome célébrer son triomphe et assoir son autorité aux dépens d’un sénat inquiet et conservateur. Il le fera avec cruauté et violence. C’en est trop pour la garde prétorienne qui comprendra qu’elle peut elle-même choisir et contrôler un empereur fantoche. Elle commande son assassinat perpétré par le préfet du prétoire Narcisse. C’est le coup d’envoi de la longue chute de Rome. Le trône sera désormais offert au plus offrant. Intrigues de palais, corruption, assassinats, traitrises marqueront la suite des évènements. Nous plongerons au cœur de cette Rome barbare et païenne qui s’évertue à assassiner ses meilleurs éléments avec une constance et un acharnement surnaturels. C’est l’histoire de la grande spirale infernale de l’humanité.
Interprétation
Extraits de critique
« … Péplum dramaturgique qui, avec humour et dérision, s’appuie sur une distribution redoutable pour extraire les racines du mal : Simon Rousseau y est sublime en empereur-dictateur sans âme. Les autres excellent dans l’art d’incarner le pleutre, le lèche-cul, la courtisane vénale, prêts à abandonner toute dignité, tout amour-propre, pour continuer à jouir des privilèges qu’un monarque leur octroie. »
Fabien Deglise, Le Devoir
« C’est joué avec un enthousiasme débordant et je vous dirais que si vous voulez voir quelque chose que vous n’avez jamais vu, et bien voilà, c’est Damnatio memoriae, sans aucun doute qui va vous combler. »
Marie-Claire Girard, Huffington Post
« Une telle épopée aurait pu être casse-cou, mais l’intelligence du texte, l’énergie de la mise en scène et la solide distribution font que ça fonctionne »
Andréanne Chevalier, Journal Metro
« Damnatio memoriae est une pièce foisonnante carburant à l’humour vulgaire, à la violence et aux clins d’oeil aux inepties et autres futilités de nos contemporains. Avec neuf interprètes sur scène qui simulent le trépas ou le sexe, qui chantent, dansent et font vivre une multitude de personnages tous plus déjantés les uns que les autres, soyez assurés que les temps morts sont rares et le rire, abondant. »
Chloë Leduc-Bélanger, Les Méconnus
Mot de l’auteur
Décadence
L’histoire de l’homme nous enseigne tout ce qu’on doit savoir afin d’éviter de plonger dans l’anéantissement.
Malheureusement, on ne veut pas l’apprendre ou on ne veut pas le voir ou on ne s’en souvient plus ou par péché d’orgueil, on s’en fout complètement. Mais l’histoire se fout pas mal de la fierté humaine et de son orgueil, et quand elle décide que tout est fini, on ne peut rien y changer. Il serait pourtant si simple de méditer sur le passé, d’en tirer des leçons bénéfiques et de les appliquer aujourd’hui pour sauver l’espèce humaine. C’est un beau vœu pieux, comme de vouloir arrêter la guerre.
Rien ne change chez l’homme. Sa soif d’or reste intacte, sa violence intérieure aussi. S’il pouvait voler son plus proche ami avec la certitude de ne jamais se faire prendre, plus d’un le ferait. L’homme aime tout ce qui est facile et plaisant, et de préférence en grande quantité, et tous ceux qui n’ont rien compris appellent ça familièrement l’épicurisme. À la manière d’une gigantesque spirale de mort, l’homme reproduit de façon frénétique le même schéma de carnage et de destruction au fil des siècles, mais avec des moyens technologiques plus avancés. C’est dans sa nature, il faut croire.
Edward Gibbon, contemplant les ruines de Rome au dix-huitième siècle, a laissé son esprit errer sur les causes de disparition d’une civilisation. Il a écrit l’ouvrage le plus complet à ce sujet : Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain. Le livre aurait aussi bien pu s’intituler : Histoire de la décadence et de la chute de l’Occident, tant les parallèles sont nombreux et troublants avec notre époque.
Vers la fin de l’Empire romain, tout était en place pour que celui-ci s’effondre pitoyablement sur lui-même : une armée surpayée, fière d’imposer un nouvel empereur quand le précédent ne faisait plus l’affaire, une bureaucratie trop lourde, une corruption endémique, un relâchement de la vigueur des Romains, une élite complètement détachée du peuple, un peuple complètement désintéressé de la vie politique, une vie dépravée de plaisir et de faste. Pour mener ses nombreux combats contre les hordes de Barbares, Rome emploie massivement des contingents de mercenaires et de peuples nouvellement intégrés dans l’empire. Le temps où la légion romaine était constituée de fiers citoyens robustes est définitivement révolu. Ces derniers profitent des plaisirs que leur procure un empire vaste et bien ravitaillé. Exit l’agriculture : les autorités font venir le grain par galère directement des provinces d’Afrique. L’industrie se déplace ailleurs, emportant avec elle l’ingéniosité et le savoir-faire. Tout est sur le point d’éclater. Ce n’est qu’une question de temps. Nous faisons face à la déclinaison moderne des mêmes problèmes. Qui d’entre nous exerce l’agriculture ou connaît un agriculteur ? Nous achetons la plupart de nos produits de consommation en Asie. L’apathie est omniprésente. Le clivage entre la classe politique et le citoyen est énorme. Nous vivons dans une fête perpétuelle alors qu’aucun d’entre nous ou presque ne pourrait subvenir à ses besoins alimentaires s’il se voyait abandonné dans la nature. Au niveau mondial, le partage des ressources est un échec lamentable.
Nul besoin d’être prophète pour voir le ciel s’obscurcir ou pour établir un parallèle entre la chute de Rome et la nôtre, imminente.
Car c’est en courant les yeux fermés et en riant que l’homme se dirige vers la sortie de l’histoire.
Sébastien Dodge
La Banquette arrière
Fondée en 2001, La Banquette arrière est le véhicule partagé par une troupe de créateurs et créatrices uniques qu’unit le désir de questionner la société actuelle à travers des œuvres théâtrales inédites à la fois audacieuses, pertinentes et divertissantes
Véritable incubateur à projets générateurs d’une réflexion sur notre monde, leur approche n’est pas documentaire mais bien théâtrale. Les interprètes sont au cœur de leurs créations où la forme est constamment réinventée afin de surprendre et de divertir le public dans le but avoué de générer une conversation et ainsi l’amener à une réflexion sur sa vie et sur les enjeux qu’ils soulèvent.
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Damnatio memoriae
Sébastien Dodge
L’instant scène
Équipe de création
Assistance à la mise en scène et régie
Conseil dramaturgique
Scénographie
Costumes
Éclairages
Musique
Effets spéciaux
Direction de production
Direction technique
Trois
de Mani Soleymanlou
Salle principale
30 septembre au 17 octobre 2014
Koalas
de Félix-Antoine Boutin
Salle Jean-Claude-Germain
7 au 25 octobre 2014
Je ne suis jamais en retard
d’un collectif d’auteurs
Salle Jean-Claude-Germain
4 au 22 novembre 2014
Soeurs
de Wajdi Mouawad
Salle principale
13 janvier au 7 février 2015
Épopée Nord
d’Olivier Morin et Guillaume Tremblay
Salle Jean-Claude-Germain
27 janvier au 14 février 2015
Ennemi public
d’Olivier Choinière
Salle principale
24 février au 21 mars 2015
Tungstène de bile
de J‑F Nadeau et Stéfan Boucher
Salle Jean-Claude-Germain
17 mars au 4 avril 2015
J’accuse
Annick Lefebvre
Salle principale
14 avril 2015 au 25 février 2017
Selfie
de Sarah Berthiaume
Salle Jean-Claude-Germain
28 avril au 16 mai 2015
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