Jacynthe, de Laval
de René Gingras
Une création du Théâtre d’Aujourd’hui en coproduction avec le Théâtre français du Centre national des Arts d’Ottawa
Salle principale
12 janvier au 5 février 2000
Texte
Mise en scène
Surgie dans un studio de télévision et flanquée d’un évadé des prisons américaines, une femme, un brin troublée, un brin narquoise, annonce une prise d’otage et réclame du temps d’antenne. Et, entre flamboiement et détresse, elle parle. D’elle, du monde, de son mari, de la fois où elle a mis sa tête dans un four, de la théorie du chaos universel, de la douceur, de la douleur…
Interprétation
Mot de l’auteur
Si vous ne lisez de ce mot que le premier paragraphe : bienvenue et bonne soirée. Voici l’occasion de redire comme les accoucheurs de ce spectacle sont « the real thing ». Le texte de théâtre est une virtualité, qu’on rêve incontournable. Ces passeurs (comédiens, concepteurs, régisseurs et accoucheur en chef) cherchent le tour pour que les mots rencontrent quelque chose de vrai, sur les planches. S’il y a quelque chose de vrai dans ce texte pour quelqu’un d’autre que son auteur, le Théâtre d’Aujourd’hui a réuni la meilleure troupe qui soit pour que vous le sachiez.
L’histoire de Jacynthe, de Laval, n’aurait pu exister sans une autre histoire, écrite juste avant elle : celle de Thérèse, d’Avila en Espagne.
Thérèse d’Avila était d’une époque, le tournant de la Renaissance, où l’individu, faisant fi du dogme religieux d’État, soudain se voulut au centre de la connaissance du monde. Du coup, des mystiques crurent qu’ils pouvaient connaitre dans leur corps même, souffrant, jouissant et fantasmant, le sens de leur présence dans cet univers. Depuis Laval, Jacynthe, en ce tournant d’époque-ci, a une perception beaucoup moins avantageuse de sa place dans toute cette affaire. Je vous laisse la deviner.
C’est une curieuse sensation que de voir, aujourd’hui, le personnage de Jacynthe dans la peau de Maude Guérin alors que le précédent, la sainte, la pleine d’une conviction folle, figée dans son livre, ne s’est pas confrontée à la vérité des planches. Le fait, peut-être, dit quelque chose en soi. Mais j’aime croire qu’il y a tout de même encore un peu de la grâce de cette ancêtre, dans celle que vous allez voir.
René Gingras
Mot du metteur en scène
Prendre sa douche, remercier sa tank à eau chaude et s’abandonner à ce qui arrive. Entrer dans la salle de répétition, voir Maude. Réaliser que je passerai une journée entière avec Maude. Puis des jours avec Maude. Puis des semaines avec Maude. Puis deux mois. Avec Patrice, avec Didier. Embrasser Patrice et Didier. Des comédiens de théâtre. Tous les quatre, puis Claude Lemelin. Refaire le monde. Chacun avec le manuscrit dans son cartable. Puis sur la table, puis dans nos têtes, puis dans leur bouche. Voir les lèvres de Maude. Rosir. Puis, dans le corps. Debout. Chercher l’équilibre. Une main sur le dossier de la chaise. Se rasseoir lentement. Se crever les yeux. Se relever. Puis tomber. Tomber, tomber, tomber. S’abandonner. Penser à Beckett. Pleurer par en dedans. Rire en dehors. L’inverse. Les yeux embués. Voir Maude. Mourir de bonheur sur le plancher de la salle de répétition. Mystère. Petits cris. Des comédiens de théâtre. Voir Judy, essayer des souliers à Maude. Création. Puis Didier en bedaine. Trouver Patrice beau. Embrasser le théâtre. Panique. Appeler René Gingras. Recevoir un fax de la nouvelle page 32. Et René Richard qui envoie la main. Et Patrice plier en deux au dix-huitième degré. Toucher la peau de Maude. Trop grands les souliers. Voir Accolas, deux lekos à la place des yeux. Voir le coeur de Maude. Tomber amoureux. Apprécier la liberté. Puis Martin, maquette sur les bras. Beaucoup de mots. Le beau bleu de Martin. Puis soudain, comme ça, plus rien. Plus un son. L’apocalypse. Non. Harold qui traverse la salle de répétition avec un AK-47. Les yeux doux de Didier. Embrasser les acteurs de théâtre. Puis, assister bouche ouverte au Big Bang. Le vrai. Être témoin du Big Bang. La naissance du monde. La création. Faire le ce pourquoi on est fait. Le ce pourquoi on est là. Embrasser René Gingras. Puis Claude Lemelin qui retourne le sablier. Faire l’amour aux acteurs de théâtre. Écouter un effet sonore de Claude Lemelin. Pleurer un peu. Entrer dans le théâtre. Pleurer un peu. Puis silence. Voir Maude. Puis silence encore. Ne plus voir Maude. Cesser de respirer. Vide, le sablier. Mais…? Voir Zacharie. Ne plus voir Maude. Voir Jean-Nil. Ne plus voir Maude. Ne plus voir Maude. Voir Jacynthe. Que Jacynthe, de Laval. Merci René Richard, nous sommes heureux dans ton théâtre d’astheure.
Yves Desgagnés
Centre national des Arts
Le Théâtre français du Centre national des Arts propose à ses spectateurs, francophones et francophiles de tous âges, aux familles et aux écoles, de découvrir les créations audacieuses d’artistes prometteurs ou reconnus provenant du Québec, du Canada et de l’international. Le public du Théâtre français est non seulement assuré de voir un théâtre de qualité, mais aussi de participer à des expériences qui se déploient au-delà des spectacles.
Actualités
Livres
14 juillet 2016
Jacynthe, de Laval
René Gingras
Lansman
Équipe de création
Assistance à la mise en scène, régie et environnement sonore
Scénographie
Costumes
Éclairages
Maquillages et coiffures
Willy Protagoras enfermé dans les toilettes
de Wajdi Mouawad
Salle principale
8 septembre au 2 octobre 1999
Le lit de mort
d’Yvan Bienvenue
Salle Jean-Claude-Germain
28 octobre au 20 novembre 1999
24 poses (portraits)
Serge Boucher
Salle principale
3 au 27 novembre 1999
Monsieur Smytchkov
de Pierre-Yves Lemieux
Salle Jean-Claude-Germain
22 février au 4 mars 2000
Les vieux ne courent pas les rues
de Jean-Pierre Boucher
Salle principale
1er au 25 mars 2000
16 et (3 fois 7) font 16 j’en ai assez merci
François-Étienne Paré
Salle Jean-Claude-Germain
21 mars au 8 avril 2000
Exils
de Philippe Soldevila et Robert Bellefeuille
Salle principale
19 avril au 6 mai 2000
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