Je suis d’un would be pays
de François Godin
Une création du Théâtre d’Aujourd’hui
Salle principale
4 au 29 septembre 2007
Texte
Mise en scène et décor
Il est Canadien, né William Dubé. Mais il travaille comme contrôleur dans les trains en Europe sous le nom de Richard Dubé, né en France. Ajoutons qu’il ne se défait pas d’un passeport allemand au nom de Wilhelm Stouffer, qu’il tient aussi pour sien. William est fait de ces identités multiples ; mais le voici mêlé à une enquête policière qui lui fait craindre, plus que jamais, la fin de ce jeu qui lui est devenu essentiel.
Interprétation
Extraits de critiques
« François Godin invente une utopie fascinante. […] L’idée la plus géniale n’en demeure pas moins celle d’avoir choisi Serge Dupire comme interprète. Sa malléabilité de comédien et sa présence évidente conviennent parfaitement à ce héros atteint de vertige identitaire. »
Hervé Guay, Le Devoir
« Le texte est remarquable d’intelligence et pose des questions qui résonnent longtemps après le spectacle. »
Josée Bilodeau, Radio-Canada.ca
« Un voyage en (bonne) compagnie de Serge Dupire. […] C’est audacieux, et efficace. »
Anabelle Nicoud, La Presse
« Serge Dupire est solide, extrêmement solide. »
Catherine Perrin, C’est bien meilleur le matin
« Une structure pivotante toute simple, un environnement sonore irréprochable et des projections parfaitement dosées. […] Serge Dupire est plus que convaincant. Maitrisant parfaitement la délicate et considérable partition, un château de cartes où chaque mot est essentiel, l’acteur glisse avec une facilité déconcertante d’un interlocuteur à l’autre, de l’adolescence à l’âge adulte, de la candeur à la colère. »
Christian Saint-Pierre, Voir
Mot de l’auteur
Densité du réseau, vitesse, ponctualité… : certes, les trains en Europe, c’est autre chose. Et cela plait à William Dubé, quand il traverse l’Atlantique pour la première fois à l’âge de vingt ans, au point où l’envie lui vient d’y travailler. Un passeport français ne saurait nuire… la chance de William sera d’en obtenir un, très vite : un faux, au nom de Richard Dubé. C’est sous cette identité forgée qu’il se retrouve, pendant près de trente ans, contrôleur à bord des trains en France, en Europe. Il n’a pour adresse qu’un casier postal. Il laisse ici et là quelques effets personnels dans des consignes. Son plaisir est de n’être jamais qu’en transit, de ne quitter le train que pour l’hôtel, et l’hôtel que pour le prochain train. Pas de « chez soi ». Le Québec, s’il y revient, il ne s’y sent pas davantage chez lui. Et ça lui va. Il se sent en phase avec son époque : c’est un truc moderne, ça, être partout chez soi, partout nulle part chez soi. Citoyen du monde. Qui se moque des frontières. Qui ne s’embarrasse ni d’attaches, ni de racines. C’est le bonheur de William/Richard de ne vivre que dans le glissement des trains. Seulement, le voilà mêlé, malgré lui, à une enquête policière qui lui fait craindre, plus que jamais, qu’on ne découvre qu’il vit sous un faux nom… et que ce ne soit la fin de la vie qu’il s’est inventée. Alors quoi ? Après tant d’années, fin de Richard et retour à William ? Retour à qui ? Retour à quoi ? Il n’est pas Européen, soit ; est-il davantage Canadien ? Ou Québécois ? C’est plus de la moitié de sa vie qu’il a passée en Europe. Et il a peur, soudain, terriblement, de devoir mettre pied à terre, de descendre du train. Le temps d’un trajet sur la ligne Bruges-Paris, William/Richard se confie à un pur inconnu. C’est un terrain neutre, le train. Un non-territoire. On sait qu’on ne se reverra pas, du moins on le présume, alors c’est facile de se laisser aller à dire des trucs intimes, à la limite inavouables…
François Godin
Mot du metteur en scène
Le hasard d’une mise en lecture m’a fait découvrir Je suis d’un would be pays. J’ai voyagé avec les mots de François Godin, happé par son souffle, séduit par sa langue, transporté par son univers qui dessine des trajets où la géographie, la politique et l’intime se chevauchent, s’entrechoquent au cœur du sujet. La quête identitaire comme une blessure offerte.
« Donné, dérobé, donné, dérobé… »
De cette blessure surgit un espace mental, lieu théâtral comme autant de refuges, d’escales pour ponctuer les voyages, le voyage, la rencontre avec ses lui-mêmes.
« Donné, dérobé, donné, dérobé… »
Sortir de l’ombre, mettre en lumière ce voyageur solitaire d’un non-pays, avec toutes ses contradictions, âme errante qui n’arrive pas à se poser.
« Donné, dérobé, donné, dérobé… »
Avec ses passeports, suivre ses histoires, son histoire, à la manière d’un polar dans une prise de parole aujourd’hui pour un théâtre d’aujourd’hui.
Bon voyage.
Toute ma gratitude à l’équipe du Théâtre d’Aujourd’hui pour le rêve réalisé, à Jacques Lavallée pour le regard aiguisé, au Carrousel pour la liberté de créer.
Gervais Gaudreault
Actualités
Vidéos
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Costumes, accessoires et collaboration au décor
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