Ceux qui se sont évaporés
Rébecca Déraspe
Une création du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui
Salle Michelle-Rossignol
3 mars 2020 au 7 mai 2022
1 h 50 sans entracte
Texte
Emma est partie sans laisser de trace. Femme dans la jeune trentaine, mère, conjointe, fille, amie, elle menait jusqu’à présent une vie normale. Aux prises avec les conséquences de son absence, ses proches cherchent à comprendre.
Qui n’a jamais rêvé de disparaitre, ne serait-ce qu’un instant ? De s’évaporer ? D’échapper à une identité et à ce que les autres y projettent ? Tramant habilement différentes approches dramaturgiques, Rébecca Déraspe explore les multiples visages de ce qui nous enferme dans notre propre vie et la radicalité de certaines possibilités d’évasion.
Interprétation
Mot de l’autrice
Exister est une responsabilité à laquelle on ne peut jamais échapper. Le lien social fracturé et l’individualisation de nos identités nous gardent en tension constante. Il faut porter un « je » qui soit garant de nous-mêmes et faire valoir nos particularités dans un espace où le collectif nous raconte comment réfléchir le monde. À bout de ce que l’on a de souffle, le désir de disparaitre, ne serait-ce qu’un instant, des charges du quotidien, apparait parfois. Et par tous les moyens, on cherche à se retirer des pressions de notre rôle au sein de nos propres existences. Comme l’explique remarquablement bien David Le Breton dans son essai Disparaitre de soi, l’individu cherche constamment à disparaitre, à s’éjecter de sa réalité. Et il le ferait de toutes sortes de façons : consommer de la fiction, par exemple, serait une façon de disparaitre de soi. Au Japon, le phénomène des Évaporés est foncièrement perturbant. En effet, 100 000 japonais, chaque année, organiseraient leur disparition volontaire. Et vous ? Comment disparaissez-vous de vous-mêmes ? Est-ce l’alcool qui vous permet d’échapper à l’emprise de votre identité ? Ou est-ce les longues marches que vous aimez prendre pour n’être nulle part et personne durant un temps limité ? Et surtout, que feriez-vous avec la mise en scène de votre vie, si pouviez en redessiner complètement les contours ?
Quand ma fille est née, j’ai eu un grand choc. Je l’appelle « le choc de la maternité ». J’ai compris, soudainement, que de ce rôle, celui de maman, je n’allais jamais pouvoir m’échapper. Et depuis, j’essaie, par l’écriture surtout, de comprendre comment rester sans m’effriter. Et doucement, calmement, comme un territoire qui se conquiert avec le temps, je trouve des réponses belles et immenses à cette question. Parce que si je suis en bataille constante avec moi-même, je connais la conclusion de ma guerre intérieure : je vais planter mes pieds à côté de ceux de ma fille. Même si parfois la vie et sa féroce urgence d’hurler, me donne envie de m’évaporer au-delà de l’exigence du quotidien.
Les textes n’apparaissent pas tous de la même façon. Certains s’affirment d’emblée avec leur humour caractéristique et leur structure classique. D’autres savent d’entrée de jeu de quoi ils veulent parler, ce qu’ils veulent montrer du monde. Celui-ci est arrivé sur la pointe des pieds, sans que je ne comprenne trop pourquoi il voulait prendre sa place ici. Pour en parler de façon honnête, je dirais que j’ai écrit Ceux qui se sont évaporés comme on cherche à répondre à mille questions à la fois, comme on s’assoie pour observer le mouvement de nos incapacités collectives. Nos cris silencieux.
— Rébecca Déraspe
Images
13 avril 2022
Geneviève Boivin-Roussy sur l’affiche de Ceux qui se sont évaporés
Images
13 avril 2022
Ceux qui se sont évaporés en photos !
Équipe de création
Scénographie et lumière
Environnement sonore
Maquillages et coiffures
Conseil au mouvement
Sonorisation
Intégration vidéo
Abonnement
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