Les filles du Saint-Laurent
Rébecca Déraspe en collaboration avec Annick Lefebvre
Une création du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui en coproduction avec La Colline – théâtre national
4 avril au 3 mai 2023
1 h 45 sans entracte
Un soir, de Côteau-du-Lac à Blanc-Sablon, de Rimouski à Grandes-Bergeronnes, les vagues du fleuve Saint-Laurent se déchainent. Sept cadavres sont recrachés sur ses berges. Sept corps non identifiés, non réclamés que croisent au détour d’une marche, d’une course ou d’un baiser Élodie, Rose, Dora, Charlotte, Martin, Lili, Mathilde, Manon et Anne. Le choc de cette découverte les entraine dans une lutte avec leur propre histoire qui les amènera à faire acte de vie. Ou de survie.
Rébecca Déraspe s’allie à l’autrice Annick Lefebvre et à la metteuse en scène Alexia Bürger pour nous livrer une œuvre inscrite dans les vastes profondeurs du fleuve. Les filles du Saint-Laurent est une fresque chorale sensible et tragique, singulièrement drôle et violemment humaine, au cours de laquelle la multiplicité des voix fait face à l’intime et au joyau fragile qu’est chaque existence.
Interprétation
Interprétation à la création à Paris
Mot de l’autrice
L’état de choc
Grandir sur les berges du fleuve Saint-Laurent, c’est se lier à lui pour toujours. C’est le chercher dans chaque nouvel espace, dans chaque racoin du monde. Parfois, je le vois comme une grande veine qui fait battre le ventre du Québec. D’autres fois, je l’imagine plutôt comme une colonne vertébrale supportant le territoire de mon pays (et un peu celui de mon corps aussi). Le fleuve Saint-Laurent est fait de vies, il est indomptable par grands vents, aussi puissant que fragile. Il faut le voir la nuit quand de ses contours sombres surgissent nos peurs enfouies. Il faut plonger son corps dans son eau glaciale pour sentir sa puissance. Il faut affronter le vertige qu’il provoque quand on prend le temps d’écouter le ressac de ses vagues. Ce fleuve Saint-Laurent fait partie du territoire du Québec, il le traverse, le raconte, l’organise. Il le scinde, surtout. Le sud, le nord. L’est, l’ouest.
J’ai osé lui confier le pire. J’ai espéré beaucoup. Qu’il m’absorbe. Qu’il me guérisse. Qu’il me noie. Qu’il m’apprenne. Que sa splendeur m’étreigne. Mais la criante urgence des choses, de la vie qui s’organise autrement, m’en a éloignée. Le bruit et l’odeur de toutes ces voitures qui doivent se rendre quelque part, les rues qui tracent la ville, les millions de visages qui l’habitent, toutes ces vies ont remplacé l’immensité de mon fleuve. Mais chaque été, comme la promesse d’une réparation, j’y retourne. Et chaque été, je sais que le jour où j’écrirai pour lui viendra.
Et ce jour, il est arrivé sous la forme d’une main tendue. Celle d’Annick Lefebvre. Quand elle m’a invitée à écrire à ses côtés autour de ce fleuve, j’en ai bien sûr été fort touchée. Quand elle m’a parlé des femmes grandioses avec qui elle voulait travailler, j’ai su que ce texte, que ce spectacle, que ces rencontres, n’allaient pouvoir qu’être absolument et résolument fertiles. Parce que ces femmes sur scène sont toutes aussi magistrales que le fleuve Saint-Laurent. Elles le sont profondément. Mais écrire pour une brochette de dix actrices, c’est aussi chercher à faire résonner l’intime dans le collectif. C’est faire imbriquer des paroles, des parcours d’humaines qui deviennent le nôtre, qui deviennent le nous tou·te·s.
Les femmes de la pièce sont toutes en état de choc. Un peu comme moi. Un peu comme nous. La pandémie nous a tou·te·s freiné·e·s dans une continuité jamais vraiment remise en question. Subitement, la mort avait préséance sur la vie. Ces femmes qui trouvent des cadavres me ramènent à mon propre saisissement. Au nôtre. Mais est-ce que la mort, celle qui surgit parfois sans avertir, peut réveiller le bruissement saisissant de la vie ?
En tout cas, je l’espère.
En tout cas, je l’espère très fort.
— Rébecca Déraspe
Mot de la metteuse en scène
Embrasser les possibles
Et puisqu’un homme n’a de poids que si on l’a vu mort, cent millions de cadavres semés à travers l’histoire ne sont qu’une fumée de l’imagination. — Albert Camus, La peste.
Tout ce qui est vivant, un jour, meurt. Nous le savons et pourtant nous passons le plus clair de notre temps à tenter de l’oublier. À user de mille subterfuges pour donner des airs d’abstraction à l’inéluctable.
La mort qui fait brutalement irruption dans les vies de Mathilde, Martin, Manon, Lili, Charlotte, Dora, Élodie ou Anne est hirsute, glauque, sans maquillage. Elle se montre la face dans sa forme la plus crue et la plus concrète : la chair qui se décompose, le corps qui lentement devient nourriture à poisson, le cours de vies effacées par celui d’un fleuve.
Alors, les vivant·es qui les ont trouvés ne peuvent plus retourner à leurs faux-fuyants. La surface, tout d’un coup, ne dissimule plus ce qui se cache dans les entrailles. Tous les possibles à embrasser remontent des profondeurs.
Il parait que parfois, quand les vivants ne se détournent plus des morts, la mort redonne souffle aux vivants.
— Alexia Bürger
En tournée
4 au 21 novembre 2021
Paris (France)
La Colline — théâtre national
Vidéos
18 mai 2023
Bande-annonce
Images
3 avril 2023
Les photos du spectacle
Équipe de création
Scénographie
Lumière
Musique
Accessoires
Effets spéciaux
Maquillages et coiffures
Conseil au mouvement
Sonorisation et régie plateau
Régie générale
Corps titan (titre de survie)
Audrey Talbot
Salle Michelle-Rossignol
6 au 24 septembre 2022
Lequel est un Basquiat
Philippe Racine
Salle Jean-Claude-Germain
13 septembre au 8 octobre 2022
Cyclorama
Laurence Dauphinais
Théâtre Centaur et salle Michelle-Rossignol
11 octobre au 6 novembre 2022
Pacific Palisades
Guillaume Corbeil
Salle Jean-Claude-Germain
18 octobre au 5 novembre 2022
Le virus et la proie
Pierre Lefebvre
Salle Michelle-Rossignol
30 novembre au 2 décembre 2022
Maurice
Anne-Marie Olivier
Salle Jean-Claude-Germain
16 janvier au 11 février 2023
Clandestines
Marie-Ève Milot et Marie-Claude St-Laurent
Salle Michelle-Rossignol
24 janvier au 11 février 2023
Pisser debout sans lever sa jupe
Olivier Arteau
Salle Michelle-Rossignol
2 au 11 mars 2023
Beau gars
Erin Shields
Salle Jean-Claude-Germain
14 mars au 8 avril 2023
Je viendrai moins souvent
Camille Paré-Poirier
Salle Jean-Claude-Germain
25 avril au 18 mai 2023
Abonnement
Saison 2024 – 2025
Abonnez-vous au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui pour ne rien manquer de la création théâtrale d’ici dans le seul lieu à lui être exclusivement dédié ! Choisissez 3 spectacles ou plus et profiter de rabais progressif sur le prix de vos billets, en plus d’une foule de privilèges exclusifs.