Je viendrai moins souvent
Camille Paré-Poirier
Une création de Camille Paré-Poirier en codiffusion avec le Centre du Théâtre d’Aujourd’hui
Salle Jean-Claude-Germain
25 avril au 18 mai 2023
1 h 35 sans entracte
Texte
Camille a 22 ans quand elle emménage à Montréal. Sa grand-mère Pauline en a 92 quand elle rentre en CHSLD. Chacune vit parallèlement un déracinement, une perte de repères. Poussée par une intuition, Camille enregistre ses visites et collecte les paroles de Pauline. Pendant près de quatre ans, les deux femmes apprivoisent ensemble l’inévitable au rythme des jours, des oublis, de l’effritement et des retrouvailles quotidiennes.
Après un poignant balado intitulé Quelqu’une d’immortelle, Camille Paré-Poirier adapte pour la scène ces échanges entre deux êtres si profondément unis, pierre d’assise d’un réseau de questions et de dialogues entre générations. La créatrice se questionne sur la notion de soin et sur les différentes expériences, parfois contradictoires, de la réalité de proche-aidante. Grâce à ses enregistrements empreints d’une grande complicité, les mots et la voix de Pauline continuent de vivre. Et un matériau documentaire devient ironiquement un outil de fiction.
Interprétation
Mot de l’autrice
Impermanence, immortalité
C’est avec joie (et beaucoup de fierté!) que je prépare mon entrée en résidence au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui avec le spectacle Je viendrai moins souvent.
J’ai toujours été fascinée par mes relations avec les autres. Amicales, amoureuses, familiales. Comment choisissons-nous les personnes que nous aimerons plus que les autres ? Pauline, si elle n’avait pas été ma grand-mère, aurait probablement été mon amie. Mais parce que 70 ans nous séparaient, notre complicité s’est développée comme un compte à rebours. Une course contre la montre.
Je me suis rapprochée de ma grand-mère à un moment où nos vies se croisaient. J’arrivais à Montréal, alors qu’elle emménageait dans un CHSLD. Notre relation s’inversait, et tout à coup, ce n’était plus elle qui prenait soin de moi, mais moi qui m’occupais d’elle. Ensemble, nous avons fait l’expérience d’une relation à la fois périphérique et très, très intime. Elle m’a vue grandir, et je l’ai vue mourir.
Aimer, c’est accepter l’éventualité d’un deuil. Aujourd’hui, c’est cette tension inévitable au cœur des relations humaines que je tente de mettre en mots. Passer du temps avec une personne atteinte de démence, c’est une expérience solitaire. Et confrontante. Qui était Pauline, quand sa mémoire disparaissait ? Et qui étais-je moi, pour elle, quand elle ne me reconnaissait plus ? Seule sur scène, je souhaite créer une œuvre de théâtre sonore et immersive, où la voix de Pauline devient une sorte de présence absente, à l’image du souvenir de celles et ceux qui nous quittent.
Je vois ces différentes étapes de recherche (le balado, la performance, la pièce de théâtre) comme des chapitres, des œuvres complémentaires qui se répondent et approfondissent, par le biais de plusieurs médiums, mes réflexions autour du deuil et des liens intergénérationnels.
Il y a quelque chose de magnifiquement insaisissable dans les relations qu’on développe. Et c’est cette impermanence, cette fragilité qui m’amènent à réfléchir à la notion de soin, un thème qui teinte mon écriture.
Je vous fais part aujourd’hui de ce qui m’anime, de points d’interrogation intérieurs, dans l’espoir qu’ils trouvent écho dans vos propres réflexions, dans ces questions sans réponses qui deviennent des moteurs et nous lient les uns et unes aux autres.
— Camille Paré-Poirier
Mot du metteur en scène
L’absence de la mort
Ça m’arrive de m’ennuyer du temps où je ne connaissais pas la mort. Le deuil serait un mot plus juste. Sans aller jusqu’à dire que la vie était plus facile dans ce temps-là, j’étais quand même plus insouciant. J’éprouve encore une certaine difficulté à changer mes temps de verbes pour parler de mes parents.
On ne nous apprend pas à gérer la mort. « Pour nous protéger », disent les gens qui veulent nous protéger. On ne parle jamais de mort. De ce que ça nous fait, des conséquences du deuil un mois, six mois, un an après la mort de quelqu’un qu’on a aimé. On apprend à parler de tout ça seulement lorsque ça s’approche de nous.
Aucune théorie, direct dans la pratique.
On va à l’hôpital, puis aux funérailles, puis on se couche. On vide la maison, on tombe sur les boîtes de photos, on revisite une vie qui s’est terminée, on s’accroche à des archives, des souvenirs, on rit en racontant des histoires tristes et vice versa.
Pour certains·e·s, la mort commence à frayer son chemin par la voie de la maladie et demande parfois un accompagnement de longue haleine.
La relation de proche-aidance est lourde, mais valorisante aussi.
Malgré son poids, elle donne une sacrée raison d’exister. Et lorsque la mort se passe, on sent une certaine délivrance, puis une culpabilité… pis un jour on se rend compte qu’on y pense moins souvent.
C’est beau de se rappeler quelqu’un qu’on aime. C’est ce que fait notre pièce. Camille nous parle de la relation privilégiée qu’elle a eu avec sa grand-mère Pauline. Une Pauline qui petit à petit se soustrait à elle-même, un soutien qui s’étiole.
Grâce aux archives sonores et extraits de son balado Quelqu’une d’immortelle, Camille nous présente la vie et la mort ordinaires de sa grand-maman. Elle parle de la solidité de leur amitié, de la complicité qui les unit, elle nous partage son deuil qui se poursuit aujourd’hui depuis plus d’un an.
— Nicolas Michon
Remerciements et soutien
En tournée
23 au 27 avril 2024
Montréal
Cinquième Salle, Théâtre Duceppe
8 au 12 octobre 2024
Québec
Théâtre Périscope
16 octobre 2024
Montréal
Maison de la culture Rosemont
17 octobre 2024
Montréal
Maison de la culture Janine-Sutto
19 novembre 2024
Montréal
Maison de la culture Ahuntsic
21 novembre 2024
LaSalle
Théâtre Desjardins
11 au 14 décembre 2024
Vancouver
Théâtre La Seizième
29 janvier 2025
Montréal
Maison de la culture Claude-Léveillée
31 janvier 2025
Montréal
Maison de la culture Mercier
1er février 2025
Montréal
Pôle culturel de Chambly
4 février 2025
Longueuil
Théâtre de la Ville
7 février 2025
Rouyn
Agora des Arts
11 février 2025
Repentigny
Théâtre Alphonse-Desjardins
13 février 2025
Montréal
Maison de la culture Saint-Léonard
14 février 2025
Montréal
Maison de la culture Verdun
20 février 2025
Montréal
Maison de la culture Pointe-aux-Trembles
Images
24 avril 2023
Les photos du spectacle
C’est quand on partage
une chose
qu’elle se met à exister.
Extraits
Équipe de création
Scénographie et costumes
avec l’assistance à la scénographie de
Lumière
Environnement sonore et régie son
Conseil dramaturgique
Régie
Direction de production
Corps titan (titre de survie)
Audrey Talbot
Salle Michelle-Rossignol
6 au 24 septembre 2022
Lequel est un Basquiat
Philippe Racine
Salle Jean-Claude-Germain
13 septembre au 8 octobre 2022
Cyclorama
Laurence Dauphinais
Théâtre Centaur et salle Michelle-Rossignol
11 octobre au 6 novembre 2022
Pacific Palisades
Guillaume Corbeil
Salle Jean-Claude-Germain
18 octobre au 5 novembre 2022
Le virus et la proie
Pierre Lefebvre
Salle Michelle-Rossignol
30 novembre au 2 décembre 2022
Maurice
Anne-Marie Olivier
Salle Jean-Claude-Germain
16 janvier au 11 février 2023
Clandestines
Marie-Ève Milot et Marie-Claude St-Laurent
Salle Michelle-Rossignol
24 janvier au 11 février 2023
Pisser debout sans lever sa jupe
Olivier Arteau
Salle Michelle-Rossignol
2 au 11 mars 2023
Beau gars
Erin Shields
Salle Jean-Claude-Germain
14 mars au 8 avril 2023
Les filles du Saint-Laurent
Rébecca Déraspe en collaboration avec Annick Lefebvre
4 avril au 3 mai 2023
Abonnement
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