i/O
Dominique Leclerc
Une création du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui et de Posthumains
Salle Michelle-Rossignol
16 novembre au 4 décembre 2021
1 h 30 sans entracte
Texte et comise en scène
Quatre ans après Post humains, Dominique Leclerc poursuit sa réflexion sur l’ampleur grandissante des technologies visant à nous améliorer et à refuser notre finitude. Accompagnée sur scène de Jérémie Battaglia et Patrice Charbonneau-Brunelle, elle livre avec i/O une nouvelle création intimiste et sensible pour appréhender la fragilité de l’humain et ses implications. Une invitation douce et franche à inventer d’autres futurs.
La créatrice s’intéresse depuis plusieurs années aux espoirs, croyances et paradoxes générés par les techno-utopies, tout en interrogeant notre capacité à encadrer ces nouveaux possibles. Mêlant récit, autobiographie et documentaire, elle explore les fictions qui nous forment et qui nous façonnent et construit en direct une archive destinée aux humains de demain. Sommes-nous les derniers spécimens issus de la génétique du hasard ? Comment (re)penser notre éphémérité et notre devoir de passation à l’aune de ces transformations ?
Mot de l’autrice
Input/Output
Input : les récits qui nous ont formé·es
Output : les récits que nous formulons à notre tour
Me voici plongée depuis longtemps dans un univers où on réclame une liberté quasi totale quant au fait de modifier nos corps, notre cerveau, notre génétique, notre rapport à la mort. J’y avance depuis les tous débuts avec un immense souci de nuance. Je le dis souvent : c’est trop gros pour se placer au-dessus, trop gros pour balayer ça du revers de la main. Mais malgré cette envie de mettre du gris partout, je constate avec désarroi que les cerveaux qui (re)pensent l’être humain de demain sont très similaires à ceux qui détiennent le pouvoir depuis toujours. En ce sens, en début de projet, je m’étais donnée pour défi d’intégrer le cercle de ces décideurs avec mon bagage, ma bonne foi et une envie profonde de résister aux utopies et aux dystopies. C’était bien parti. Jusqu’à ce que tout bascule.
Sans grande surprise, la complexité des questions qui me préoccupaient jadis a été exacerbée par cette crise sanitaire que nous traversons toujours. Je me suis dit que j’avais besoin de plus de temps, que je n’avais pas la distance, je ne l’ai toujours pas d’ailleurs. Bref. J’ai figé comme beaucoup de créateur·trices autour de moi. Et quand j’ai voulu réintégrer cette mission, je me suis retrouvée en pleine science friction. C’est-à-dire que la réalité à laquelle mes proches et moi-même étions confronté·e·s s’est mise à se fracasser aux récits qu’on m’avait partagés auparavant.
À l’inverse, certains instincts ont trouvé ancrage au fil du temps… Comme ceci. Depuis peu, des algorithmes sélectionnent mes souvenirs. Sans avoir demandé quoi que ce soit, on me suggère maintenant ce dont je devrais me rappeler. J’observe avec fascination cette archive de mon existence se mettre en place. Et bien sûr, je cherche la faille… Qu’est-ce qui leur manque ?
À peu près la moitié de ma vie. Dans mon cas, c’est générationnel. Cinquante pourcent de mes souvenirs existent à travers des objets physiques ou dans ma tête.
À moins d’une catastrophe naturelle imminente, ces intelligences artificielles qui croient me connaître mieux que ma mère me survivront. Et pour le moment, je dis bien pour le moment, je ne veux pas qu’un∙e avatar ne prenne le relais de mon existence après ma mort. Car pour le moment, je dis bien pour le moment, pendant que tout va bien, je crois être en paix avec l’idée de mourir.
Je suis consciente que depuis vingt ans (exactement), je consens à ce que les milliers d’informations que je génère en ligne au quotidien ne m’appartiennent plus. Autrement dit, je consens un peu plus chaque jour à ne plus m’appartenir. J’assume. Mais, après ? Aurai-je un quelconque droit de regard sur ce que je veux laisser derrière moi ? Et si je souhaitais tout simplement disparaitre ? Aurais-je le droit de disparaitre ?
Avec i/O, je revisite la notion de lègue, de rituel. C’est une invitation à célebrer notre imperfection et notre éphémérité — car qui sait si ces tares intrinsèques à notre espèce que tant de gens souhaitent enrayer, ne finiront pas par nous manquer un jour.
À cheval entre religion, science, philosophie, techno-utopisme, urgence environnementale, valorisation de la jeunesse, pression de la maternité, fictions et réalité, je me suis souvent perdue.
Je me suis laissée inspirer par des voix qui ne sont pas en négation de notre destin technologique, mais qui englobent plusieurs notions oubliées par l’extrême rapidité de notre transformation. En créant de nouveaux récits et en encourageant nos imaginaires, la philosophe Donna Haraway nous convie à répondre aux temps troubles que nous traversons en les habitant pleinement. « Habiter le trouble » : la seule posture qui me semble réaliste pour le moment.
i/O est né de l’envie de répondre à cette invitation.
— Dominique Leclerc
Posthumains
Duo composé des artistes Patrice Charbonneau-Brunelle et Dominique Leclerc, la compagnie Posthumains s’intéresse aux impacts du développement des technologies NBIC (nanotechnologies, biotechnologies, technologies de l’information et sciences cognitives) sur l’individu et sa société. Leurs projets explorent la forme documentaire au théâtre en incluant autofiction, performance et implication du spectateur. À l’heure où la pensée humaine et l’État peinent à rattraper la vitesse exponentielle de l’évolution technologique, leurs pièces de théâtre, performances et installations créent un lieu de rencontre et de dialogue entre les créateurs de ces nouvelles technologies, leurs utilisateurs, et les néophytes.
Remerciements et soutien
i/O a été créé en collaboration avec en collaboration avec LA SERRE – arts vivants, l’Office national du film du Canada et le Posthumanism Research Institute de Brock University.
La compagnie Posthumains a bénéficié du soutien du Conseil des arts du Canada, du Conseil des arts et des lettres du Québec, du Conseil des arts de Montréal et du Centre des auteurs dramatiques.
La recherche en marge de la création du spectacle a été en partie financée par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.
Vidéos
1er décembre 2021
Bande-annonce
Images
15 novembre 2021
Les photos du spectacle
Équipe de création
Dramaturgie
Scénographie et partenaire de création
avec l’assistance à la scénographie de
Environnement sonore
Vidéo
Costumes
Maquillages et coiffures
Conseil au mouvement
Traduction des verbatims
Intégration vidéo
Régie générale
Régie vidéo
Direction de production
Direction technique
Nassara
Carole Fréchette
Salle Michelle-Rossignol
7 au 25 septembre 2021
Seeker
Marie-Claude Verdier
Salle Jean-Claude-Germain
14 septembre 2021 au 25 novembre 2023
Pas perdus | documentaires scéniques
Anaïs Barbeau-Lavalette et Émile Proulx-Cloutier
Salle Michelle-Rossignol
8 mars au 2 avril 2022
Ceux qui se sont évaporés
Rébecca Déraspe
Salle Michelle-Rossignol
14 avril au 7 mai 2022
Akuteu
Soleil Launière
Salle Jean-Claude-Germain
21 avril au 7 mai 2022
Émilie tient salon
Émilie Monnet
Salle Jean-Claude-Germain
2 au 4 juin 2022
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