Éden

Vouloir saisir trente ans de vie commune pour les réduire en une seule expérience est une idée aussi étrange que de prendre une photo du Grand Canyon en espérant capturer l’infini. Heureusement, la scène offre un support qui transcende les limites. Le théâtre échappe au réel pour communiquer l’innommable. Bien sûr, il y a une fable, des actions, du bruit, mais l’aventure reste essentiellement un geste de transmission. 

Lorsque je dis aux gens que je suis en couple avec la même personne depuis vingt-cinq ans, j’obtiens deux types de réactions. Soit, un WOW admiratif, soit une moue dubitative qui questionne mon équilibre mental. Partant de ce constat, j’ai voulu creuser les motivations qui nous tiennent ensemble (ou pas). Bref, l’engagement est-il un geste héroïque, un conditionnement social, ou le signe d’une dépendance affective sévère ? Le résultat de cette recherche est devenu une collection de moments qui sont tous, à leur façon, une manière de dire « je t’aime ».

Ce projet porte aussi l’ombre du deuil. Je n’ai jamais su vivre et aimer en oubliant que j’allais disparaitre. C’est peut-être pour cette raison que le théâtre s’est imposé. Sa nature éphémère est le miroir de notre condition.

Je tiens à témoigner toute ma reconnaissance aux acteurs et collaborateurs qui ont plongé avec moi dans le vide vertigineux de cette première expérience de mise en scène. Vous aimez vivre dangereusement. À tous, bon spectacle.

À Nini
avec amour
et sincérité

Pascal Brullemans

« Il m’a semblé que l’écriture devait tendre à cela
cette expression que provoque la scène de l’acte sexuel
cette angoisse et cette stupeur
la suppression du jugement moral »
 — Annie Ernaux

« Maintenant on pourrait presque enseigner aux enfants dans les écoles
comment cette planète va mourir
non pas comme une probabilité
mais comme l’histoire du futur
On leur dirait qu’on a découvert des feux des brasiers des fusions
que l’homme avait allumés et qu’il était incapable d’arrêter
Que c’était comme ça
qu’il y avait des sortes d’incendies qu’on ne pouvait plus arrêter du tout
Le capitalisme a fait son choix : plutôt ça que de perdre son règne »
 — Marguerite Duras

« La vive authenticité du portrait tient bien entendu à son caractère documentaire et autofictionnel, mais plus encore au fait que les dialogues sont toujours déposés sur la corde raide entre légèreté et gravité, qu’ils puisent au comique aussi bien qu’au tragique, qu’ils témoignent d’une profonde tendresse aussi bien que d’une redoutable dérision. Ainsi, c’est à regret qu’on quitte ces êtres dont l’humanité va droit au coeur, des amoureux comme les autres, c’est-à-dire fantastiques. »
Christian Saint-Pierre, Le Devoir

« Ça fonctionne parce que le couple se connait très bien dans les geste du quotidien : autant les gestes d’amour que les chicanes et la sexualité. C’est très beau tout ça. »
Catherine Richer, le 15 – 18, ICI Radio-Canada

« Du très beau théâtre. » 
Samuel Archibald, Culture Club, ICI Radio-Canada