Nyotaimori
Sarah Berthiaume
Une création de La Bataille en coproduction avec le Centre du Théâtre d’Aujourd’hui
Salle principale
16 janvier au 3 février 2018
Texte et comise en scène
Comise en scène
Dans le cadre d’un dossier sur les métiers d’avenir, Maude effectue une série d’entrevues dans des grandes entreprises. Elle-même travailleuse autonome, elle se réjouit d’être sa propre patronne et de jouir d’une liberté absolue. Mais l’absence de frontière entre sa vie personnelle et professionnelle ne la plonge-t-elle pas dans une autre forme d’aliénation ? Le coffre d’une voiture usinée au Japon et la porte d’un atelier de fabrication de lingerie en Inde, menant tous deux à son immeuble par des voies inexplicables, vont bouleverser sa vie et son rapport au monde.
L’auteure Sarah Berthiaume s’intéresse au système économique qui transforme les humains en machines et les femmes en objets. Mêlant des temporalités fragmentées, des éléments surréalistes et beaucoup d’humour, Nyotaimori réinvente un discours confrontant liberté et aliénation dans le travail, tout en questionnant nos habitudes de consommation à l’ère de la mondialisation.
Interprétation
Mot de l’autrice et cometteuse en scène
L’appel de l’usine
À la base, Nyotaimori est une courte pièce que j’ai écrite il y a quelques années pour une soirée de lectures au Festival Zone Homa. Sarianne Cormier, qui orchestrait l’évènement, nous avait proposé de nous inspirer d’une usine montréalaise pour l’écriture. J’avais choisi les Tricots Main Inc., une fabrique de sous-vêtements située au 6666 St-Urbain, à la frontière du Mile-Ex, ancien quartier ouvrier que j’habitais à l’époque1.
Je me suis appliquée à fantasmer ce qui pourrait arriver dans le ventre vide de cette usine, vestige d’une industrie textile jadis florissante. Cette industrie qui, du jour au lendemain, a disparu de notre horizon montréalais pour aller se réimplanter ailleurs, dans les métropoles de l’Inde ou du Bangladesh, afin d’avaler des nouvelles générations d’ouvrières en manque de sommeil et de droits fondamentaux.
Pour l’anecdote : j’avais écrit cette courte pièce à la toute dernière minute parce que, dans ce temps-là, j’avais encore beaucoup de mal à dire non. J’accumulais les contrats, les commandes d’écriture pour le théâtre, la télé, alouette. J’étais complètement ensevelie par les tâches à accomplir. J’avais des textes à rendre tout le temps, j’apportais mon ordinateur en vacances, je travaillais jusqu’à tard le soir. Je n’avais plus ni loisirs, ni espace mental. Tout était travail, partout, tout le temps.
En passant chaque jour devant cette usine et en cherchant à m’en inspirer, j’ai donc développé un fantasme absolument stupide et indécent : celui d’y travailler. J’étais complètement obsédée par l’idée d’un travail simple, répétitif, aliénant. Un travail circonscrit dans le temps, que je pourrais quitter le soir sans y penser. Un travail d’ouvrière qui punch in et out. J’étais comme l’Irina des Trois sœurs de Tchékhov, qui en vient à envier « l’ouvrier qui se lève à l’aube et va casser des cailloux sur la route. »
C’est de cet inavouable fantasme qu’est née la première mouture de Nyotaimori : une petite fable étrange où se rencontrent, dans le sous-sol d’une usine-condo, une trentenaire québécoise et ceux qui ont fabriqué sa voiture et son soutien-gorge. Une petite fable sur les liens de domination que le système économique nous fait entretenir malgré nous. Une petite fable où une fille finit par trouver une certaine plénitude dans le fait de devenir une table à sushis.
Le spectacle que nous présentons cette année est donc la version longue de cette petite fable, transformée en triptyque. Avec la complicité de Sébastien et de la Bataille, j’ai continué à explorer le thème du travail pour voir comment il s’inscrit dans nos corps, comment il nous habite et ultimement, nous définit.
— Sarah Berthiaume
(1) Note pour les curieux : l’édifice existe toujours, mais il a évidemment été transformé en condos.
Mot du cometteur en scène
Que Sarah aborde la thématique du travail, de son effet sur nos corps, arrive à point dans ma vie de citoyen et dans mon parcours artistique. Mon corps n’est lui-même pas épargné par la pernicieuse métamorphose de mon travail d’artiste en celui d’administrateur de compagnie, de membre de conseil d’administration, de jury de pairs, de faiseur, de liseur et de reliseur de demandes de subventions. « L’administration nous ronge ! », a dit avec raison l’auteur Olivier Choinière, il y a quelques années. Et que dire de cette surcharge de tâches parfois nécessaire pour simplement « vivre de son art » ! Alors je me pose moi aussi la question : quel est l’effet de mon travail sur mon corps ? Est-il rongé par ce travail ? Et ce privilège d’être un travailleur autonome me procure-t-il vraiment plus de liberté ?
Sarah n’aborde pas spécifiquement le corps des artistes dans Nyotaimori, sa réflexion touche de façon plus universelle à l’ensemble des corps humains. Mais force est de constater que, peu importe ce que nous faisons et où nous vivons dans le monde, nous sommes tous partie intégrante d’un même engrenage, d’un même système, chacun bien occupé à huiler sa petite poulie dans l’espoir de mener une vie fluide et pleine de sens.
Je suis très heureux d’accompagner Sarah dans l’écriture de ce texte atypique et nécessaire, mais aussi d’en assurer la mise en scène avec elle : notre complicité naturelle transformera sans doute le travail en jeu. Merci à Sylvain Bélanger d’accueillir La Bataille encore cette année. Revenir au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, c’est comme revenir à la maison.
— Sébastien David
Extraits de critiques
« C’est vraiment très réussi, c’est lucide, mordant, totalement utopique et drôle aussi. »
Catherine Pogonat, L’effet Pogonat, ICI Musique
« […] on a affaire ici à un excellent trio constitué de l’attachante Christine Beaulieu, de la raffinée Macha Limonchik et du surprenant Philippe Racine, véritable révélation ! »
Mario Cloutier, La Presse +
« Une pièce brillante et pleine d’esprit qui fera particulièrement écho aux travailleurs autonomes, mais qui saura résonner chez tout autre spectateur. »
Noémie C. Adrien, ICI ARTV
« Les interprètes sont parfaitement choisis pour donner souffle à ce texte bien ficelé. Christine Beaulieu, d’un charisme incroyable, ravage la scène par son authenticité, Macha Limonchik et Philippe Racine sont très justes et variés dans les 3 personnages qu’ils incarnent. »
Emmanuelle Ceretti, La Vitrine
« La cohésion du spectacle tient beaucoup à l’interprétation sans failles de Christine Beaulieu, qui connait une période artistique exceptionnelle, et à la qualité d’écriture de Berthiaume, qui jongle sur plusieurs niveaux. Nyotaimori se révèle une bulle onirique qui semble parfois directement connectée à notre subconscient individuel et collectif, de sorte que la pièce amène tout doucement le spectateur à se questionner sur sa propre aliénation. »
Daphné Bathalon, MonTheatre
« La mise en scène, avec pratiquement aucun accessoire, réussit le pari de nous transporter d’un lieu à un autre sans effort. Le texte est intelligent, sensible et rythmé, on croit à ces personnages, on s’identifie à eux et on comprend parfaitement qu’ils n’en peuvent plus parce qu’ils frémissent de vérité. »
Marie-Claire Girard, Théâtre Cambresis
« Le choix de confier à Christine Beaulieu le rôle principal semble couler de source, mais est plus judicieux qu’il n’y parait ; son interprétation très juste nous fait ressentir toute sa résilience, mais aussi les nombreuses failles qui apparaissent sur sa façade à mesure que son épuisement prend le dessus. »
Pierre-Alexandre Buisson, La Bible Urbaine
« Sarah Berthiaume nous sert une brillante fable surréaliste sur l’aliénation professionnelle. »
Dominique Denis, ARP Média
« Cette nouvelle production de la compagnie La Bataille est à l’image du théâtre québécois d’aujourd’hui comme on l’aime : investi, ouvert et brillant. »
Léa Coffineau, I/O Gazette
« En apparence, Maude – campée par une Christine Beaulieu habile et investie – est dotée d’une grande liberté avec ses piges d’écriture, mais débordée et à bout, elle aspire au rien, au vide […] À ses côtés, on admire Macha Limonchik et Philippe Racine qui alternent entre plusieurs rôles avec justesse et naturel. »
Rose Carine Henriquez, Nevros’Arts
« La rigueur d’écriture du texte de Sarah Berthiaume illumine les personnages de cette pièce […] »
Élie Castiel, Revue Séquences
La Bataille
Fondée en 2012, La Bataille est une compagnie de théâtre de création basée à Montréal. Véhicule artistique de Sébastien David, La Bataille s’affaire d’abord à mettre en scène ses textes mais aussi ceux d’autres autrices et auteurs québécois.
La compagnie place la dramaturgie au cœur de sa démarche considérant le texte comme matériau de base à toute création. Elle se penche sur des œuvres à la fois subtiles et accessibles qui font résonner des problématiques humaines et sociales qui se démarquent par une théâtralité exacerbée et un travail de rythme de la langue recherché.
La Bataille est une habituée du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui où elle a créé T’es où Gaudreault précédé de Ta yeule Kathleen, gagnante du Prix auteur dramatique du CTD’A et Dimanche napalm, qui a remporté le prestigieux Prix du Gouverneur général. La compagnie est heureuse de fêter son cinquième anniversaire ici avec la création de Nyotaimori de Sarah Berthiaume.
THÉÂTROGRAPHIE
- Dimanche napalm de Sébastien David (2016)
- Scratch de Charlotte Corbeil Coleman (2014)
- Les morb(y)des de Sébastien David (2013)
- T’es où Gaudreault précédé de Ta yeule Kathleen de Sébastien David (2011)
Volume 11 – Saison 17/18
Inspirations : Made in Québec par Kim Waldron
« La cohésion du spectacle tient beaucoup à l’interprétation sans failles de Christine Beaulieu, qui connaît une période artistique exceptionnelle, et à la qualité d’écriture de Berthiaume, qui jongle sur plusieurs niveaux. Nyotaimori se révèle une bulle onirique qui semble parfois directement connectée à notre subconscient individuel et collectif, de sorte que la pièce amène tout doucement le spectateur à se questionner sur sa propre aliénation. »
Critiques
22 janvier 2018
Équipe de création
Scénographie, costumes et accessoires
Lumière
Musique
Maquillages
Régie générale et direction de production
Direction technique
Bashir Lazhar
Evelyne de la Chenelière
Salle principale
19 septembre au 14 octobre 2017
La nuit du 4 au 5
Rachel Graton
Salle Jean-Claude-Germain
26 septembre 2017 au 18 décembre 2018
Le Wild West Show de Gabriel Dumont
Collectif d’auteurs
Salle principale
31 octobre au 18 novembre 2017
Savoir compter
Marianne Dansereau
Salle Jean-Claude-Germain
7 novembre au 1er décembre 2017
Jean dit
Olivier Choinière
Salle principale
20 février au 17 mars 2018
Chienne(s)
Marie-Ève Milot et Marie-Claude St-Laurent
Salle Jean-Claude-Germain
13 mars au 7 avril 2018
Les Hardings
Alexia Bürger
Salle principale
10 avril 2018 au 22 mai 2022
Déterrer les os
Fanie Demeule et Gabrielle Lessard
Salle Jean-Claude-Germain
17 avril au 9 mai 2018
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