S’enjailler

De l’amour et de la sororité

Beaucoup d’entre nous apprennent dans leur enfance que les liens d’amitié ne doivent jamais être considérés comme aussi importants que les liens familiaux. Pourtant, c’est dans l’amitié que la grande majorité d’entre nous entrevoit pour la première fois la possibilité rédemptrice de l’amour et d’une communauté où l’on prend soin les unes des autres. 
— bell hooks, All About Love

Cette amitié que bell hooks décrit a toujours résonné en moi ; peut-être est-ce parce que j’ai grandi entourée de femmes — ma mère, mes tantes, mes sœurs. Tout au long de mon enfance, ma mère accordait une grande importance à ses amitiés féminines. Ses amies étaient si proches que ce n’est que des années plus tard que j’ai appris laquelle était réellement ma tante biologique et laquelle était une amie devenue une partie intégrante de la famille.

Et maintenant devenue adulte, je peux désormais affirmer, tout comme ma mère, que mes amitiés féminines me sont précieuses. Je suis qui je suis grâce aux femmes qui m’ont aimée et soutenue à travers les épreuves de la vie, que ce soit dans ma vie personnelle ou professionnelle.

Ces liens profonds avec elles sont pour moi un lieu de guérison et d’amour authentique. S’enjailler est, pour cette raison, une lettre d’amour à l’amitié et à la sororité. Ces relations, bien que parfois complexes et imparfaites, sont pour moi un lieu de communauté, de solidarité et d’acceptation.

L’amour sororal est l’essence de S’enjailler. C’est ce même amour auquel je me suis accrochée lorsque j’ai commencé à écrire cette histoire en 2020, une année marquante pour le mouvement politique Black Lives Matter. C’est ce même amour qui m’a aidée à traverser cette période très sombre. Il éclaire également mes questionnements sur la représentation des femmes noires, souvent reléguées à l’ombre de la souffrance et de l’oppression dans les arts et les médias. Le profond amour que je ressens pour les femmes dans ma vie est celui que j’espère voir briller tout au long des représentations de S’enjailler.

Je suis profondément reconnaissante envers notre équipe de production et toute l’équipe du CTD’A. Toustes ont donné de leur mieux, travaillé avec ce même amour.

— Stephie Mazunya

À travers une vision de l’intime et celle d’un féminisme intersectionnel, Porte débarrée est une compagnie artistique se donnant comme mandat d’aborder la notion de l’identité dans le but d’amener une réflexion encourageant l’empathie et le changement social dans la société. L’objectif est de puiser dans ce qu’il y a de plus personnel pour ainsi atteindre l’universel. À travers la thématique de la quête identitaire, Porte débarrée souhaite produire des créations (ou traductions de texte) par des artistes créateur·trices d’ici faisant partie de groupes marginalisés, discriminés et/​ou issus des diversités. Dans un esprit de collaboration, la compagnie souhaite que celleux-ci puissent s’approprier leur narratif et leur art.